Vous affichez un parcours sans faille ? Bravo ! Vous n’avez jamais rien tenté.
C’est en substance, ce que nous explique Tal Ben Shahar dans « L’apprentissage de l’imperfection », illustrant ses propos de plusieurs exemples de réussites flamboyantes passées par des flops monumentaux.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Après cette lecture et en regardant mon parcours, force m’a été de constater que je n’avais pas connu, moi non plus, d’échecs cuisants. Et donc, rien tenté de très audacieux.
Des déceptions, oui. Des ratés, des échecs. Mais rien de bien terrible.
Sauf en écriture.
J’ai publié plusieurs romans, des nouvelles policières, des albums pour la jeunesse ; je travaille dans l’édition depuis quinze ans. J’ai un solide réseau professionnel et je connais de nombreux éditeurs.
Et pourtant.
J’ai travaillé deux ans à mon nouveau roman, y consacrant toutes mes matinées, entre 5h et 8h, sans commande, sans conseils, sans motivation autre que le plaisir que j’y prends, sans aucune visibilité sur le résultat, sans assurance qu’il soit publié ni rémunération.
J’ai voulu raconter une histoire exigeante : la réunion de Pierre Boulez, chef d’orchestre et Patrice Chéreau, metteur en scène, autour de la production d’un opéra de Debussy : Pelléas et Mélisande. J’y ai mis beaucoup de moi, de mon admiration pour ces hommes extraordinaires et pour la musique.
Après plusieurs refus, le manuscrit a été porté, soutenu et présenté par une éditrice reconnue d’une grande maison littéraire pour être, finalement, refusé.
La déception est immense. Cette impression de rester sur le bas-côté de la littérature pendant que les autres continuent sans vous.
Mais au moins ai-je tenté.
Et peut-être, peut-être que si, dans le futur, je finissais par publier un nouveau roman, son succès serait-il proportionnel aux risques que j’ai pris en y consacrant le meilleur de moi-même.
A vaincre sans péril.
https://www.youtube.com/watch?v=CQ4rkSykjn4