Rimbaud, Isabelle

« Back to Glossary Index
Photographie sur plaque de verre d’Isabelle, la soeur cadette d’Arthur Jean-Jacques Lefrère/Flammarion

 

« Une nuit, se figurant ingambe et cherchant à saisir quelque vision imaginaire apparue, puis enfuie, réfugiée peut-être dans un angle de la chambre, il voulut descendre seul de son lit et poursuivre l’illusion. On accourut au bruit de la chute lourde de son grand corps, il était étendu complètement nu sur le tapis. »

« J’ai soutenu son corps chancelant. J’ai porté dans mes bras ce corps souffrant et défaillant. J’ai guidé ses sorties, j’ai surveillé chacun de ses pas ; je l’ai conduit et accompagné partout où il a voulu ; je l’ai aidé toujours à rentrer, à monter, à descendre ; j’ai écarté de son unique pied l’embûche et l’obstacle. J’ai préparé son siège, son lit, sa table. Bouchée à bouchée, je lui ai fait prendre quelque nourriture. J’ai mis à ses lèvres les coupes de boisson, afin qu’il se désaltérât. »

« Quelques semaines après sa mort je tressaillais de surprise et d’émotion en lisant pour la première fois les Illuminations.
Je venais de reconnaître, entre ces musiques de rêve et les sensations éprouvées et exprimées par l’auteur à ses derniers jours, une frappante similitude d’expression avec, en plus et mieux dans les ultimes expansions, quelque chose d’infiniment attendri et un profond sentiment religieux. »

In Lettres d’Isabelle Rimbaud

« Isabelle parle ici avec ses mots de paysanne ignorante et dévote, elle vient, en réalité, de faire la connaissance de son frère en le veillant et en l’écoutant beaucoup. Sous la pression de l’opium qu’on lui donne comme calmant, il improvise pendant des heures, musique qu’elle dira, plus tard, retrouver dans les Illumina­tions. Tout naturellement, elle range cette expérience dans le seul registre symbolique qu’elle connaisse : la dévotion catholique, et la foi ou les visions qui y sont associées. »

In Un vrai roman. Mémoires. Philippe Sollers

Et, article complet