L’évolution du personnage principal – Dom Juan
Beaucoup de récits racontent l’évolution du personnage principal. C’est même le cadre systématique des histoires pour enfants. Buzz l’éclair, par exemple, découvre dans Toy Story qu’il n’est pas un héros véritable, mais seulement un jouet. Et il finit par accepter sa condition. Dans La Belle et la Bête, la transformation finale du monstre en Prince est la conséquence visible de cette évolution. L’amour l’a fait passer d’une forme à une autre.
Cependant, il serait faux de croire que l’évolution du personnage principal dans un récit est une obligation. Il existe quantité d’histoires dans lesquelles le protagoniste ne change pas, sans que cela porte préjudice à l’intérêt que nous lui portons. Joey, dans la série Friends reste exactement le même pendant 10 ans. Et c’est d’ailleurs cette constance que nous aimons retrouver tout au long des saisons. Intérieurement, nous nous disons « Sacré Joey ! Il ne changera jamais… » C’est confortable.
C’est d’ailleurs cette constance de caractère et ce refus d’évoluer qui fait de l’agent 0SS 117, dans sa version de 2006, un clown involontaire. C’est parce que nous, spectateurs du XXIème siècle avons changé, que nous pouvons nous moquer de la constance ridicule d’OSS 117.
Dom Juan
Mais c’est probablement dans le Dom Juan de Molière que le refus de toute évolution du personnage principal est le mieux exploité. C’est même ce qui caractérise le héros. Pour les hommes du XVIIème siècle, Dom Juan est un libertin. Mais pour nous, c’est un criminel : il bat, viole, assassine et manipule celles et ceux qui empêchent la réalisation de ses désirs. Quel portrait monstrueux en ferions-nous de nos jours…
Pourtant, tous les personnages qui gravitent autour de lui voudraient qu’il change de conduite. Sganarel, son valet le sermonne. Dom Louis, son père, est prêt à croire ses mensonges contre l’espoir d’une conversion. Elvire, la femme abandonnée lui pardonne et le supplie de changer sa conduite. En vain. Dom Juan reste le même.
SganarelleAh ! monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
Don JuanNon, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi.
Mais cette constance n’est pas gratuite. Elle revêt, dans cette histoire, une dimension métaphysique: face au châtiment divin, Dom Juan ne plie pas et préfère endurer les flammes de l’enfer plutôt que de se renier.
L’évolution du personnage principal n’est donc pas un passage obligé. Il peut y avoir beaucoup de grandeur à rester constant, quels que soient les évènements. Dans le mal, comme dans le bien. Mais sans évolution, vous aurez plus de difficultés à rendre votre personnage attachant.
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