Le protagoniste – Seul au monde
Le rôle du protagoniste peut se comprendre comme une aide au personnage principal à atteindre son objectif
Une fois l’objectif de votre personnage principal défini, devenir le meilleur batteur de sa génération par exemple, votre héros va se heurter à de nombreux obstacles qui définiront son caractère. Pour l’aider dans sa réalisation, il pourra s’appuyer sur des aides extérieures ou bien au contraire, sera-t-il empêché par toutes sortes d’antagonistes qui prendront souvent la forme de méchants.
Seul au monde
Maintenant, imaginez-vous devoir écrire une histoire en forme de huis-clos, avec un seul personnage. Comment faire tenir tout un récit sans protagoniste ? C’est bien un des tours de force de Seul au monde.
L’HISTOIRE
ACTE I
Dans le cadre d’une construction en 3 actes, les scénaristes disposent de peu de temps pour mettre en place l’histoire et caractériser le personnage principal. Il convient donc d’aller à l’essentiel du récit en grossissant les traits. Dans Seul au monde, on nous présente Chuck Noland, employé FedEx, comme un grand voyageur chargé de résoudre les problèmes de productivité. Il est sympa, exigeant, obsédé par le temps et en léger surpoids.
De retour chez lui, à Memphis, pour fêter Noël, on le découvre amoureux de Kelly Frears, avec laquelle il vit sans être marié. Cette situation conjugale, apparemment anecdotique, est soulignée par quelques plaisanteries. C’est en réalité une préparation qui prendra tout son sens à l’acte III.
Mais en plein repas, Chuck est réquisitionné pour résoudre un problème en Malaisie. Pendant le voyage, l’avion est frappé par une tempête et s’écrase en mer. C’est l’élément déclencheur.
ACTE II
Chuck se réveille sur une île déserte qui deviendra l’arène principale du second acte. Son objectif immédiat, que le personnage n’a pas besoin de révéler pour qu’on le comprenne, est, dans un premier temps, de rester en vie. On comprend aussi rapidement l‘enjeu qui relève de la vie ou la mort.
Dans cette histoire, pas de zombies à sa poursuite ni de professeur fou souhaitant mener des expériences dans son île déserte. Non. Le méchant, l’antagoniste, c’est la nature indifférente qui se refuse à nourrir notre héros. A noter cependant que les scénaristes graduent les attaques de l’antagoniste en partant d’une simple gêne de pluie d’orage aux vagues infranchissables et meurtrières.
Si l’antagoniste est tout de suite identifié, il est plus difficile de définir un allié, un ami, un protagoniste dans la mesure où le personnage se trouve sur une île déserte.
C’est ainsi que Chuck va trouver un ballon de volley-ball parmi les colis échoués, sur lequel il dessine un visage qu’il baptisera « Wilson ». Le protagoniste est trouvé ! On remarquera qu’il n’est pas nécessaire de doter le protagoniste d’un caractère affirmé. La symbolique est ici tellement puissante qu’elle marquera les esprits au point de devenir l’une des images les plus identitaires du film.
Finalement, au bout de quatre années, Chuck parvient à s’échapper de son île. Son objectif est atteint. Le troisième acte peut commencer.
ACTE III
La plupart des histoires se seraient arrêtées au sauvetage de Chuck mais pas Seul au monde. Le troisième acte est anormalement développé grâce aux graines que les scénaristes ont déposé au premier acte.
La plus importante concerne Kelly Frears qui, pendant ce temps, s’est mariée – cf la préparation du 1er acte. Chuck a bien atteint l’objectif du deuxième acte, mais il échoue à remplir celui du premier, pas moins important pour lui. A quoi lui a-t-il servi de survivre s’il ne pas pas vivre avec la femme qu’il aime ?
Le film se termine sur une jolie boucle – donnant à voir une arène secondaire – qui reprend le plan d’ouverture et conclut sur une fin ouverte, littéralement à la croisée des chemins.
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